CRÉATION LES 7 ET 8 AVRIL 2015 AU CNSAD, REPRISES À LA COLLINE THÉÂTRE NATIONAL (2016) ET AU THÉÂTRE DE LA CITÉ INTERNATIONALE (2017)
"Un enfant dans le noir, saisi par la peur, se rassure en chantonnant. Il marche, s’arrête au gré de sa chanson. Perdu, il s’abrite comme il peut, ou s’oriente tant bien que mal avec sa petite chanson. Celle-ci est comme l’esquisse d’un centre stable et calme, stabilisant et calmant, au sein du chaos. Il se peut que l’enfant saute en même temps qu’il chante, il accélère ou ralentit son allure ; mais c’est déjà la chanson qui est elle-même un saut : elle saute du chaos à un début d’ordre dans le chaos, elle risque aussi de se disloquer à chaque instant. Il y a toujours une sonorité dans le fil d’Arianne. Ou bien le chant d’Orphée."
- Gilles Deleuze et Félix Guattari
Cinquante acteurs. Trente-huit langues.
Théâtre est une fresque polyphonique et polyglotte à cinquante voix, une traversée chorale du temps et de l’espace mêlant le chant et la parole, la partition et l’improvisation, un voyage de sons et de sens, un présent partagé et morcelé d’où jaillissent des fragments, des étincelles, des univers, des paysages croisés, emboîtés, superposés les uns aux autres…
Le public – vers qui tout converge et se dissout – est au centre du dispositif, plongé dans l’obscurité. Le silence se fait matière et l’écoute devient moteur du jeu. Une géopoétique de voix résonnant dans les corps et se propageant dans l’espace qui s’ouvre et se diffracte en d’autres espaces…
Cinquante acteurs. Trente-huit langues. Pas de décors, pas de costumes, pas d’éclairage, pas de scène… et une infinité de possibles.
« Des récits décousus, incohérents, avec pourtant des associations, tels des rêves. Des poèmes parfaitement harmonieux tout simplement, et beaux de parfaites paroles, mais aussi sans cohérence ni sens aucun, avec au maximum deux ou trois strophes intelligibles – qui doivent être comme de purs fragments des choses les plus diverses. La poésie, la vraie, peut tout au plus avoir en gros un sens allégorique et produire, comme la musique, un effet indirect. » Novalis
Générique
Conception, mise en scène, direction musicale et travail vocal : Marcus Borja
Collaboration artistique : Tristan Rothhut
Assistanat à la mise en scène : Alexandra Cohen (2015) & Raluca Vallois (2016-2017)
Design sonore : Lucas Lelièvre
Photographies : Diego Bresani et Ye Tian
Régie : Gabriele Smiriglia
Remerciements
Théâtre de la Cité Internationale, La Colline Théâtre National, Le 104, Paris Sciences et Lettres, programme doctoral SACRe, Conservatoire national d’art dramatique, Compagnie Vahram Zaryan, Jean-François Dusigne, Sylvie Deguy, Luis Naon, et tous ceux qui ont traversé, alimenté et encouragé cette aventure chorale.
Avec le soutien de : ARCADI, SPEDIDAM, JEUNE THEATRE NATIONAL ET LE STUDIO THEATRE D’ASNIERES
Avec *
Isabelle Andrzejewsky, Jérôme Aubert, Roch Amedet Banzouzi, Fernanda Barth, Astrid Bayiha, Constanza Becker, Aurélien Beker, Sonia Belskaya, Marcus Borja, Augustin Bouchacourt, Lucie Brandsma, Sophie Canet, Alexandra Cohen, Antoine Cordier, Etienne Cottereau, Belén Cubilla, Mahshid Dastgheib, Alice Delagrave. Marcia Duarte, Simon Dusigne, Rachelle Flores, Ayana Fuentes Uno, Michèle Frontil, François Gardeil, Haifa Geries, Lucas Gonzalez, Louise Guillaume, Lola Gutierrez, Jean Hostache, Hypo, Magdalena Ioannidi, Miléna Kartowski-Aïach, Matilda Kime, Cyrille Laik, Malek Lamraoui, Francis Lavainne, Feng Liu, Hounhouénou Joël Lokossou, Yuanye Lu, Ada Luana, Esther Marty Kouyaté, Laurence Masliah, Jean-Max Mayer, Pamela Meneses, Romane Meutelet, Tatiana Mironov, Makeda Monnet, Rolando Octavio, Cordis Paldano, Clément Peltier, Wilda Philippe, Ruchi Ranjan, Juliette Riedler, Andrea Romano, Tristan Rothhut, Théo Salemkour, Matheus Schmith, Charles Segard-Noirclère, Romaric Séguin, Peik Sirén, Olivia Skoog, Aurore Soudieux, Tatiana Spivakova, Ye Tian, Kiyomi Tisseyre, Isabelle Toros, Relebohile Tsoinyane, Raluca Vallois, Gabriel Washer, Sophie Zafari, Mira Zaki Bjørnskau, Vahram Zaryan, Ana Maria Zavadinack, Yuriy Zavalnyouk.
* Tous les acteurs et actrices qui ont joué dans ce spectacle, de la création (première version) jusqu’à la dernière reprise au Théâtre de la Cité internationale, sont listés ici. Les noms des actrices et acteurs n’ayant joué que dans la version 2015 sont en italique.
Spectacle en allemand, anglais, arabe, arménien, basque, bassa, batak, créole de Guadeloupe et d’Haïti, espagnol, filipino, finnois, flamand, fongbe, français, grec ancien et moderne, guarani, hébreu, hindi, indonésien, italien, japonais, kabyle, kongo, latin, lingala, mandarin, mina, norvégien, persan, portugais, quechua, rom, roumain, russe, sámi, sanskrit, sotho, suédois, tamoul, ukrainien, xhosa, yoruba, zoulou…
Extraits sonores
Extrait sonore 1
Extrait sonore 2
Extrait sonore 3
Extrait sonore 4
Extrait sonore 5
Extrait sonore 6
On en parle
”C’est culotté d’intituler une pièce de théâtre Théâtre. Et c’est presque un gros doigt d’honneur à la doxa quand la pièce en question se déroule dans l’obscurité la plus totale, sans histoire linéaire, sans personnages identifiables, sans repères sensoriels. Lorsque les lumières s’éteignent dans la salle de Théâtre de l’artiste Marcus Borja, où les 80 spectateurs sont installés en cercle, un nouveau monde, entièrement sonore, s’ouvre. C’est la sensation d’être paumé, aveugle dans un hall d’aéroport dont les bribes de discussions auraient été recomposées par un grand symphoniste.
Ève BeauvalletLibération
”La fable a explosé, le jeu théâtral s’est dépouillé de toutes ses ficelles et de ses vanités. Plongés dans le noir, acteurs et spectateurs font l’expérience de l’authenticité et de la confiance totale qui conduit peu à peu les uns et les autres à percevoir d’autres fréquences du monde et d’autres vibrations. La musique au centre du spectacle accompagne les états émotionnels sans les illustrer. [...] Les langues s’entrechoquent, se répondent. Les sons de ce théâtre portés par ces voix jeunes, rocailleuses, aigües ou basses nous mettent à l’écoute des voix d’un monde illimité, beau dans sa diversité et porté par sa seule imagination.
Dany ToubianaThéâtrorama
”Merci de ce splendide oratorio nocturne, de ces Champs-Élysées grecs de demi-sommeil. J’ai beaucoup aimé, été souvent bouleversé. La maîtrise – au sens de maître – dont Marcus Borja fait preuve pour mener cette barque sur ce sombre et mouvant Styx est impressionnante.
Eric RufComédien, metteur en scène, scénographe, Administrateur général de la Comédie-Française
”Un jeune metteur en scène, Marcus Borja, a placé en cercle les spectateurs entourés par un groupe de cinquante acteurs qui font entendre ce que l’on pourrait appeler « les voix de la nuit ». Voix du monde, de nations différentes, voix qui résonnent comme si elles venaient de loin ou de la plus stricte intimité, «cris et chuchotements». Grâce à cette polyphonie nocturne l’espace devient plastique : l’effet de proximité et l’autre, d’éloignement, s’associent, alternent, nous fascinent et inquiètent. [...] le noir s’avère être une invitation au dévoilement. Pour eux et pour nous, réunis.
Georges BanuChercheur et théoricien du théâtre
”Un groupe international utilise des langues différentes, non pas pour transmettre un sens, mais pour fabriquer avec l’énergie des mots une musique symphonique. On perçoit plus la beauté des êtres humains, que la pensée des êtres humains. Le public découvre l’existence des hommes et des femmes à travers une matière, pas à travers la logique. Rêve.
Yoshi OidaActeur, auteur, metteur en scène
”Le chant qui nous a saisis était tout sauf horizontal : la sourde basse et les élans aigus traversaient en torsade ascendante, de la plante des pieds jusqu’au-dessus du crâne. On sort ravis, l’ouïe rendue plus fine, comme éblouie
Coline MerloCassandre Hors-Champs